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tion en faveur des camarades de la corporation indiquée. Malgré qu’en apparence le Label ne soit pas une manifestation d’un révolutionnarisme flamboyant, il n’en dérive pas moins du même principe : les travailleurs luttant et se défendant contre le capitalisme, directement et par leurs propres forces, sans se reposer sur une puissance extérieure.

Le Sabotage est la mise en pratique de la maxime : « À mauvaise paye, mauvais travail » ; il frappe le patron au cœur, — c’est-à-dire au coffre-fort. Le sabotage s’effectue, tantôt par un ralentissement dans la production, tantôt par de la malfaçon ; tantôt même il s’attaque à l’instrument de production. Dans le commerce, le sabotage s’effectue par le gaspillage de l’objet vendu, dont le commis fait au besoin profiter l’acheteur, ou encore par la rebuffade envers ce dernier, de manière à le pousser à s’approvisionner ailleurs. Le sabotage est, le plus souvent, l’acte individuel, venant souligner la revendication collective. Il est bon d’ajouter que la crainte du sabotage est un calmant précieux et suffit souvent à ramener les patrons récalcitrants à de meilleurs sentiments.

Un exemple de l’efficacité du sabotage est la conquête, par les ouvriers coiffeurs parisiens, du repos hebdomadaire et aussi de la diminution de la durée d’ouverture des salons de coiffure. C’est par le « badigeonnage » des devantures patronales avec un produit caustique détériorant la peinture que cette corporation a conquis les améliorations précitées. En l’espace de trois ans, sur les 2,000 boutiques de coiffure de Paris, il n’y en a peut-être pas cent qui n’aient pas été badigeonnées au moins une fois, — sinon plusieurs. Aussi, les résultats en sont intéressants : au lieu