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a subi une modification parallèle à celle subie par l’idée de révolution. La révolution n’est plus considérée comme une catastrophe devant éclater en des jours proches ou lointains ; elle est tenue pour un acte se matérialisant journellement, grâce à l’effort de la classe ouvrière en révolte, — et la grève est considérée comme l’un des phénomènes de cette révolution. Par conséquent, celle-ci n’est plus tenue pour un « mal » ; elle est l’heureux symptôme d’un accroissement de l’esprit de révolte et elle se manifeste comme un phénomène d’expropriation partielle du capital. Il est reconnu que ses résultats ne peuvent être que favorables à la classe ouvrière ; au point de vue moral, il y a accroissement de la combativité prolétarienne et, du côté matériel, l’assaut donné sur un point à la société capitaliste comporte une diminution des privilèges de la classe exploiteuse qui se traduit par un accroissement en bien-être et en liberté pour la classe ouvrière.

Cette conception de la grève rend vivante, et de tous les instants, la lutte de classe ; elle donne aux conflits économiques une grandissante acuité ; d’elle découle, logiquement et par extension, la notion de grève générale.

Multiples peuvent être les causes de grève, toute compression, toute exploitation pouvant susciter le conflit ; cependant, une classification peut s’esquisser comme suit : grèves offensives, (demandes d’améliorations de tout ordre) ; grèves défensives (pour s’opposer à la reprise par le patron d’améliorations réalisées) ; grèves de dignité (engagées pour se soustraire à l’insolence de chefs ou contremaîtres ou pour obtenir la suppression de pratiques humiliantes, telle la « fouille » en certains ateliers) ; grèves de solidarité (déclarées sans motif autre qu’un acte de solidarité envers