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Elle est, en outre, variée en ses modalités, suivant que l’attaque est plus expressément dirigée contre les capitalistes ou contre l’État. Contre celui-ci, l’Action Directe se matérialise sous forme de pression extérieure, tandis que, contre le patronat, les moyens communs sont la grève, le boycottage, le label, le sabotage.

Il est bien évident qu’une catégorisation trop systématique pécherait par étroitesse ; ces diverses modalités peuvent se manifester au cours d’un même conflit et simultanément.

Il faut noter, en outre, que, si l’Action Directe est la dominante du syndicalisme français, elle n’en est cependant pas l’unanime tendance. Il y a, au sein de la Confédération — comme en tout groupement, — deux pôles : à côté des éléments révolutionnaires, survivent des groupements « réformistes », à manifestations hétérogènes, mais qui peuvent cependant se rattacher à deux conceptions : le corporatisme et l’interventionnisme.

Observons de suite que ceux qui se réclament de l’une ou de l’autre de ces tendances ont dû, sous l’influence confédérale, modifier leurs concepts et leur orientation. Les heurts résultant des divergences doctrinales vont s’atténuant, grâce à une graduelle marche en avant des éléments « réformistes », qui en sont venus à accepter les fins révolutionnaires d’expropriation capitaliste que poursuit la Confédération.

À l’origine, le corporatisme, en limitant son action à des améliorations de détail, n’ayant ni vues d’ensemble, ni idéal, ni d’autre horizon que la frontière corporative, ne menaçait en rien la société capitaliste. D’autre part, l’espoir en l’intervention de l’État qui, — parce que saturé de démocratisme, — se ferait bon gendarme en faveur des exploités, aboutissait aux mêmes fins conservatrices. De l’une et