pensée politique, ont donné locaux et subventions à ces agglomérats de syndicats. Ces institutions nouvelles ont pris le titre de Bourses du Travail. Les municipalités avaient espéré que ces organisations limiteraient leur action au terre à terre corporatiste et avaient espéré, par leurs largesses, s’attirer la reconnaissance des syndicats, s’en faire une clientèle électorale.
Or, la Bourse du Travail est, en devenir, l’organisme qui, dans une société transformée, où il n’y aura plus possibilité d’exploitation humaine, se substituera à la municipalité. Par conséquent, il est inévitable que des conflits éclatent entre ces deux forces en présence, l’une représentant le passé, l’autre l’avenir.
Les syndicats ne se sont pas crus liés par les subventions reçues ; ils ont suivi leur voie, sans se préoccuper si leur action causait ou non un préjudice électoral au personnel politique de l’Hôtel de Ville.
Alors, par rancune et par dépit, nombre de municipalités sont parties en guerre contre les Bourses du Travail, leur refusant les subventions ou ne les accordant qu’à des conditions inacceptables. Et il est à noter que ces persécutions ne sont pas particulières à des municipalités d’opinion réactionnaires ou simplement républicaines, mais que des municipalités socialistes ont été des plus acharnées contre les Bourses du Travail. Pour n’en citer que deux : celles des deux grandes villes, Paris et Lyon.
Ces conflits sont une manifestation de la divergence qu’il y a entre le démocratisme et le syndicalisme. Quelles que soient les opinions arborées par les municipalités — même socialistes, — ces opinions évoluent dans le cadre de la société capitaliste et, par conséquent, aboutis-