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tion par les éléments corporatifs des quelques fonctions utiles grâce auxquelles l’État illusionne sur sa raison d’être et, en même temps, l’élimination de ses fonctions nuisibles, compressives et répressives, grâce auxquelles se perpétue la société capitaliste.

Mais, pour que cette floraison sociale soit possible, il faut qu’un travail préparatoire ait, au sein de la société actuelle, coordonné les éléments qui auront fonction de la réaliser. C’est à cela que s’emploie la Classe Ouvrière. De même que c’est par la base que se construit un édifice, c’est par la base que s’accomplit cette besogne interne qui est, simultanément, œuvre de désagrégation des éléments du vieux monde et œuvre de gestation de la réédification nouvelle. Il ne s’agit plus de s’emparer de l’État, non plus que de modifier ses rouages ou changer son personnel ; il s’agit de transformer le mécanisme de la production, en éliminant le patron de l’atelier, de l’usine, et en substituant, à la production à son profit, la production en commun et au bénéfice de tous… ce qui a pour conséquence logique la ruine de l’État.

Cette œuvre d’expropriation est commencée : pied à pied elle se poursuit par les luttes quotidiennes contre le maître actuel de la production, le capitaliste ; ses privilèges sont sapés et amoindris, la légitimité de sa fonction directrice et maîtresse est niée, la dîme qu’il prélève sur la production de chacun, sous prétexte de rémunération du capital, est tenue pour vol. Aussi, petit à petit, est-il refoulé hors de l’atelier — en attendant qu’il en soit chassé définitivement et radicalement.

Tout cela, cette besogne intérieure qui va s’amplifiant et s’intensifiant chaque jour, c’est de l’Action directe en épanouissement. Et quand la Classe Ouvrière, ayant grandi en force et en conscience, sera apte à l’œuvre de prise de possession et y procédera, ce sera encore de l’Action Directe !

Lorsque l’expropriation capitaliste sera en voie de réalisation, alors que les actionnaires des Compagnies de chemins de fer verront leurs titres — « parchemins » de l’aristocratie financière — tombés à zéro, alors que la séquelle parasitaire des directeurs et autres magnats du rail ne sera plus entretenue à rien faire, les trains continueront à rouler… Et cela, parce que les travailleurs des chemins de fer seront intervenus directement : leur syndicat, de groupement de combat, s’étant mué en groupement de production, aura désormais la charge de l’exploitation — non plus en vue de profits personnels, pas même simplement et étroitement corporatifs, mais pour le bien commun.

Ce qui se sera fait dans les chemins de fer pareillement se fera dans toutes les branches de la production.

Mais, pour mener à bien cette œuvre de liquidation du