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patrons que rêvent les thuriféraires de la « paix sociale » ; c’est l’action syndicale, sans accointances gouvernementales, sans intrusion dans le débat de « personnes interposées ».


Exaltation de l’Individu.


L’Action Directe, c’est la libération des foules humaines jusqu’ici façonnées à l’acceptation des croyances imposées, — c’est leur montée vers l’examen, vers la conscience. C’est l’appel à tous pour participer à l’œuvre commune : chacun est invité à ne plus être un zéro humain, — à ne plus attendre d’en haut ou de l’extérieur son salut ; chacun est incité à mettre la main à la pâte, — à ne plus subir passivement les fatalités sociales. L’Action Directe clôt le cycle des miracles — miracles du ciel, miracles de l’État — et en opposition aux espoirs en les « providences », de quelque espèce que ce soit, elle proclame la mise en pratique de la maxime : le salut est en nous !

Cette incomparable puissance rayonnante de l’Action directe, des hommes d’opinions et de tempéraments divers l’ont reconnue, rendant ainsi hommage à cette méthode dont la féconde valeur sociale est incontestable.

C’est Keufer qui, en juin 1902, au sujet de la situation syndicale des ouvriers verriers, alors précaire, leurs organisations étant disloquées, écrivait :


« Nous ne serions pas surpris que la politique ne soit pas étrangère à ces divisions, car trop souvent, dans les mêlées sociales, beaucoup de camarades croient à l’efficacité de l’intervention des hommes politiques dans la défense de leurs intérêts économiques.

« Nous pensons, au contraire, que les travailleurs, solidement organisés dans les syndicats et fédérations de métier ou d’industrie, acquerront une plus grande force et une autorité suffisante pour traiter avec les industriels en cas de conflits, d’une façon directe et sans autre concours que celui de la classe ouvrière qui ne lui fera pas défaut. Il faut que le prolétariat fasse ses affaires lui-même


C’est Marcel Sembat qui, au parlement, s’exprimait comme suit :


« L’action Directe ? Mais c’est tout simplement de grouper les travailleurs en syndicats et en fédérations ouvrières pour arriver ainsi, au lieu de tout attendre de l’État, de la Chambre, au lieu de tendre perpétuellement sa casquette au parlement pour qu’il y jette dédaigneusement un sou de temps en temps, à ce que les travailleurs se groupent, se concertent.