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FORCE ET VIOLENCE




L’Action Directe, manifestation de la force et de la volonté ouvrière, se matérialise, suivant les circonstances et le milieu, par des actes qui peuvent être très anodins, comme aussi ils peuvent être très violents. C’est une question de nécessité, simplement.

Il n’y a donc pas de forme spécifique de l’Action Directe. Certains, très superficiellement informés, l’expliquent par un abattage copieux de carreaux. Se satisfaire d’une semblable définition — réjouissante pour les vitriers — serait considérer cet épanouissement de la force prolétarienne sous un angle vraiment étroit ; ce serait ramener l’Action Directe à un geste plus ou moins impulsif, et ce serait négliger d’elle ce qui fait sa haute valeur, ce serait oublier qu’elle est l’expression symbolique de la révolte ouvrière.

L’Action Directe, c’est la Force ouvrière en travail créateur : c’est la Force accouchant du droit nouveau — faisant le droit social !

La Force est l’origine de tout mouvement, de toute action et, nécessairement, elle en est le couronnement. La vie est l’épanouissement de la force et, hors de la Force, il n’y a que néant. Hors d’elle, rien ne se manifeste, rien ne se matérialise.

Pour mieux nous leurrer et nous tenir sous leur joug, nos ennemis de Classe nous ont seriné que la Justice immanente n’a que faire de la force. Billevesées d’exploiteurs du peuple ! Sans la Force, la Justice n’est que duperie et mensonges. De cela, le douloureux martyrologe des peuples au cours des siècles en est le témoignage : malgré que leurs causes fussent justes, la force, au service des puissances religieuses et des maîtres séculiers, a écrasé, broyé les peuples ; et cela, au nom d’une prétendue justice qui n’était qu’une injustice monstrueuse. Et ce martyrologe continue !