Page:Pouget - L’Action directe, 1904.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quand le bloc ouvrier se vivifie, s’anime… alors, le ridicule équilibre de la loi des salaires est rompu.


Un Facteur nouveau :  d’action quotidienne
La Volonté ouvrière !


Un élément nouveau apparaît sur le marché du travail : la volonté ouvrière. Et cet élément, inconnu quand il s’agit de fixer le prix d’un boisseau de pommes de terre, influe sur la fixation du salaire ; son action peut être plus ou moins grande, suivant le degré de tension de la force ouvrière, qui est une résultante de l’accord des volontés individuelles vibrant à l’unisson — mais, forte ou faible, elle est incontestable.

La cohésion ouvrière dresse alors, contre la puissance capitaliste, une force capable de lui résister. L’inégalité des deux adversaires — incontestable quand l’exploiteur n’avait en face de lui qu’un ouvrier isolé — s’atténue proportionnellement au degré de cohérence atteint par le bloc ouvrier. La résistance prolétarienne, latente ou aiguë, est désormais de tous les jours ; les conflits entre le travail et le capital s’avivent, grandissent en acuité. Le travail ne sort pas toujours victorieux de ces luttes partielles ; cependant, même quand il est battu, il y a encore profit pour les ouvriers en lutte : leur résistance a entravé la compression patronale et, souvent même, a obligé le patron à concéder une partie des réclamations formulées. En ce cas se vérifie le caractère de haute solidarité du syndicalisme : du résultat de la lutte bénéficient des faux frères, des inconscients, et les grévistes se satisfont de la joie morale d’avoir combattu pour le mieux-être général.

Que la cohésion ouvrière fasse hausser les salaires, les théoriciens de la « loi d’airain » le concèdent d’assez bonne grâce. Les faits sont tellement tangibles qu’il leur serait difficile d’y apporter une sérieuse dénégation. Mais, ils objectent que, parallèlement à l’accroissement des salaires, se manifeste un renchérissement du coût de la vie, de telle sorte que la puissance de consommation de l’ouvrier ne s’accroît pas et que le bénéfice de son plus haut salaire se trouve, de ce fait, annulé.

Il y a des circonstances où cette répercussion se constate ; mais cette montée du coût de la vie, en rapport direct avec la montée du salaire, n’a pas une constance telle qu’elle puisse s’ériger en principe. D’ailleurs, quand ce renchérissement se produit, il est — dans la plupart des cas — la