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veaux ankylosés fonctionnent et une énergie rayonnante transforme et féconde les masses humaines.

C’est que l’Action est le sel de la vie… Ou, plus simplement et plus exactement, elle est la vie même ! Vivre, c’est agir… Agir, c’est vivre !


Le Miracle catastrophique.


Ce sont là des constatations banales ! Et, cependant, il est nécessaire d’y insister, de glorifier l’effort, parce qu’un enseignement déprimant a saturé la génération qui passe, l’a imprégnée de formules débilitantes. L’inutilité de l’effort a été érigée en théorie et on a prêché que toute réalisation révolutionnaire découlerait du jeu fatal des événements : la catastrophe, annonçait-on, se produirait automatiquement. Lorsque, par un processus fatidique, les institutions capitalistes seraient parvenues à leur maximum de tension. Alors, d’elles-mêmes, elles éclateraient ! L’effort de l’homme dans le plan économique était proclamé superflu, son action contre le milieu compressif dont il pâtit était affirmée inopérante. On ne lui laissait qu’un espoir : infiltrer des siens dans les parlements bourgeois et attendre l’inévitable déclenchement catastrophique.

On nous apprenait que celui-ci se produirait à son heure, mécaniquement, fatalement : la concentration capitaliste s’accomplissant par le jeu des lois immanentes de la production capitaliste elle-même, le nombre des potentats du capital, usurpateurs et monopolisateurs allait toujours diminuant… si bien qu’un jour viendrait où, grâce à la conquête du pouvoir politique, les élus du peuple exproprieraient à coups de lois et de décrets la poignée de grands barons du Capital.

Dangereuse et déprimante illusion que cette attente passive en la venue du Messie-Révolution ! En combien d’ans ou de siècles seront conquis les pouvoirs publics ? Et puis, à les supposer conquis, à ce moment le nombre des magnats du Capital aura-t-il tant diminué ? En admettant même que la trustification ait absorbé la bourgeoisie moyenne, s’en suivra-t-il que celle-ci aura été rejetée dans le prolétariat ? Ne lui aura-t-on pas, plutôt, fait une place dans les trusts et le nombre des parasites vivant sans produire ne se trouvera-t-il pas au moins égal à ce qu’il est aujourd’hui ? Si oui, n’est-il pas à supposer que les bénéficiaires de la vieille société résisteront aux lois et décrets d’expropriation ?

Autant de problèmes qui se posent et devant lesquels la Classe Ouvrière se trouverait impuissante, ne sachant que