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acheter à sa boutique de friperie un ruban « bien rouge » pour porter le deuil de Carnot :


Vers huit heures et demie du matin, Gaillard se rendait au domicile de Monod et demandait à la concubine de celui-ci de lui donner un grand crêpe bien rouge pour fêter, disait-il, la mort du président de la République ; puis on le vit danser dans la rue en criant : « Carnot est crevé, il est bien ! »


Reste le second accusé, Quesnel, le personnage qui paya à boire à Monod et entraîna son arrestation. Quelle fut exactement sa besogne dans ce procès ?

Son défenseur va nous édifier ; au cours de sa plaidoirie, Me Jacquier prononça les graves paroles suivantes, que son client ne désavoua, ni sur le moment, ni plus tard :


Vous dites, monsieur l’avocat général, que mon client est un dangereux anarchiste. Mais regardez donc à telle cote du dossier, vous y trouverez une note de M. Agneli, commissaire de police à Lyon, affirmant avoir donné de l’argent à Quesnel pour l’avoir aidé à arrêter un compagnon et avoir entamé des relations avec lui pour le faire entrer dans la police de sûreté politique. Quesnel n’a point refusé ces offres ; il a demandé à consulter sa famille. Mais celle-ci riche à 250.000 francs, jugeant sans doute peu honorable la profession d’agent de la sûreté, l’a engagé à refuser.


Ceci éclaire le procès d’un jour nouveau : Monod n’est pas que tombé dans un traquenard légal, il a d’abord glissé dans un piège policier.

Naturellement, l’acte d’accusation est catégorique sur les relations de Monod et de Quesnel : ces deux-là sont réellement associés, — entre eux il y a bien association de malfaiteurs.


Les détails relevés par l’information en ce qui concerne Quesnel fournissent une nouvelle preuve du rôle joué jusqu’à ces derniers temps par Monod. Il est reconnu en effet par cet accusé que, lorsqu’il est arrivé à Dijon, trois mois avant le commencement des poursuites, il a été amené le jour même chez Monod.

Il était recommandé, dit-il, par un compagnon dont il n’a pu indiquer le nom. Aussitôt l’intimité la plus grande s’établit entre lui et Monod.