lampe brûlait encore devant le Kivot, vide également. On n’avait pas emporté non plus un petit miroir accroché entre la porte et la fenêtre. Qu’était devenue l’hôtesse de cette simple et virginale cellule ? Une idée terrible me traversait l’esprit. J’imaginai Marie dans les mains des brigands. Mon cœur se serra ; je fondis en larmes et prononçai à haute voix le nom de mon amante. En ce moment, un léger bruit se fit entendre, et Palachka, toute pâle, sortit de derrière l’armoire.
« Ah !-Piôtr Andréitch, dit-elle en joignant les mains, quelle journée ! quelles horreurs !
– Marie Ivanovna ? demandai-je avec impatience ; que fait Marie Ivanovna ?
– La demoiselle est en vie, répondit Palachka ; elle est cachée chez Akoulina Pamphilovna.
– Chez la femme du pope ! m’écriai-je avec terreur. Grand Dieu ! Pougatcheff est là ! »
Je me précipitai hors de la chambre, je descendis en deux sauts dans la rue, et, tout éperdu, me mis à courir vers la maison du pope. Elle retentissait de chansons, de cris et d’éclats de rire. Pougatcheff y tenait table avec ses compagnons. Palachka m’avait suivi. Je l’envoyai appeler en cachette Akoulina Pamphilovna. Un moment après, la femme du pope sortit dans l’antichambre, un flacon vide à la main.
« Au nom du ciel, où est Marie Ivanovna ? demandai-je avec une agitation inexprimable.
– Elle est couchée, ma petite colombe, répondit la femme du pope, sur mon lit, derrière la cloison. Ah ! Piôtr Andréitch, un malheur était bien près d’arriver. Mais, grâce à Dieu, tout s’est heureusement passé. Le scélérat s’