chefs cosaques l’entouraient.
Le père Garasim, pale et tremblant, se tenait, la croix à la main, au pied du perron, et semblait le supplier en silence pour les victimes amenées devant lui. Sur la place même, on dressait à la hâte une potence. Quand nous approchâmes, des Bachkirs écartèrent la foule, et l’on nous présenta à Pougatcheff. Le bruit des cloches cessa, et le plus profond silence s’établit. « Qui est le commandant ? » demanda l’usurpateur. Notre ouriadnik sortit des groupes et désigna Ivan Kouzmitch. Pougatcheff regarda le vieillard avec une expression terrible et lui dit : « Comment as-tu osé t’opposer à moi, à ton empereur ? »
Le commandant, affaibli par sa blessure, rassembla ses dernières forces et répondit d’une voix ferme : « Tu n’es pas mon empereur : tu es un usurpateur et un brigand, vois-tu bien ! »
Pougatcheff fronça le sourcil et leva son mouchoir blanc. Aussitôt plusieurs Cosaques saisirent le vieux capitaine et l’entraînèrent au gibet. À cheval sur la traverse, apparut le Bachkir défiguré qu’on avait questionné la veille ; il tenait une corde à la main, et je vis un instant après le pauvre Ivan Kouzmitch suspendu en l’air. Alors on amena à Pougatcheff Ivan Ignatiitch.
« Prête serment, lui dit Pougatcheff, à l’empereur Piôtr Fédorovitch.
– Tu n’es pas notre empereur, répondit le lieutenant en répétant les paroles de son capitaine ; tu es un brigand, mon oncle, et un usurpateur. »
Pougatcheff fit de nouveau le signal du mouchoir, et le bon Ivan Ignatiitch fut pendu auprès de son ancien chef. C’était mon tour. Je fixai hardiment le regard sur Pougatcheff,