que je ne remplis pas les ordres de mes maîtres. Et moi, qui ne suis pas un vieux chien, mais votre serviteur fidèle, j’obéis aux ordres de mes maîtres ; et je vous ai toujours servi avec zèle jusqu’à mes cheveux blancs. Je ne vous ai rien écrit de la blessure de Piôtr Andréitch, pour ne pas vous effrayer sans raison ; et voilà que nous entendons que notre maîtresse, notre mère, Avdotia Vassilievna, est malade de peur ; et je m’en vais prier Dieu pour sa santé. Et Piôtr Andréitch a été blessé dans la poitrine, sons l’épaule droite, sous une côte, à la profondeur d’un verchok et demi, et il a été couché dans la maison du commandant, où nous l’avons apporté du rivage : et c’est le barbier d’ici, Stépan Paramonoff, qui l’a traité ; et maintenant Piôtr Andréitch, grâce à Dieu, se porte bien ; et il n’y a rien que du bien à dire de lui : ses chefs, à ce qu’on dit, sont contents de lui, et Vassilissa Iégorovna le traite comme son propre fils ; et qu’une pareille occasion lui soit arrivée, il ne faut pas lui en faire de reproches ; le cheval a quatre jambes et il bronche. Et vous daignez écrire que vous m’enverrez garder les cochons ; que ce soit votre volonté de seigneur. Et maintenant je vous salue jusqu’à terre.
« Votre fidèle esclave,
« Arkhip Savélieff. »
Je ne pus m’empêcher de sourire plusieurs fois pendant la lecture de la lettre du bon vieillard. Je ne me sentais pas en état d’écrire à mon père, et, pour calmer ma mère, la lettre de Savéliitch me semblait suffisante.
De ce jour ma situation changea ; Marie Ivanovna ne me parlait presque plus et tâchait même de m’éviter. La maison du commandant me devint insupportable ; je m’habituai