en bonnet léger et en petit mantelet. Cette dame paraissait avoir cinquante ans ; sa figure, pleine et haute en couleur, exprimait le calme et une gravité tempérée par le doux regard de ses jeux bleus et son charmant sourire. Elle rompit la première le silence :
« Vous n’êtes sans doute pas d’ici ? dit-elle.
– Il est vrai, madame ; je suis arrivée hier de la province.
– Vous êtes arrivée avec vos parents ?
– Non, madame, seule.
– Seule ! mais vous êtes bien jeune pour voyager seule.
– Je n’ai ni père ni mère.
– Vous êtes ici pour affaires ?
– Oui, madame ; je suis venue présenter une supplique à l’impératrice.
– Vous êtes orpheline ; probablement vous avez à vous plaindre d’une injustice ou d’une offense ?
– Non, madame ; je suis venue demander grâce et non justice.
– Permettez-moi une question : qui êtes-vous ?
– Je suis la fille du capitaine Mironoff.
– Du capitaine Mironoff ? de celui qui commandait une des forteresses de la province d’Orenbourg ?
– Oui ; madame. »
La dame parut émue.
« Pardonnez-moi, continua-t-elle d’une voix encore plus douce, de me mêler de vos affaires. Mais je vais à la cour ; expliquez-moi l’objet de votre demande ; peut-être me sera-t-il possible de vous aider. »
Marie se leva et salua avec respect. Tout, dans la dame inconnue, l’attirait involontairement et lui inspirait de la confiance. Marie prit dans sa poche un papier plié ; elle le présenta à sa protectrice inconnue qui le parcourut à voix basse.