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main et d’un air soucieux. Je sentis une piqûre au cœur ; j’eus peur sans savoir de quoi. Le major fit sortir mon domestique et m’annonça qu’il avait à me parler.

« Qu’y a-t-il ? demandai-je avec inquiétude.

– Un petit désagrément, répondit-il en me tendant son papier. Lis ce que je viens de recevoir. »

C’était un ordre secret adressé à tous les chefs de détachements d’avoir à m’arrêter partout où je me trouverais, et de m’envoyer sous bonne garde à Khasan devant la commission d’enquête créée pour instruire contre Pougatcheff et ses complices. Le papier me tomba des mains.

« Allons, dit Zourine, mon devoir est d’exécuter l’ordre. Probablement que le bruit de tes voyages faits dans l’intimité de Pougatcheff est parvenu jusqu’à l’autorité. J’espère bien que l’affaire n’aura pas de mauvaises suites, et que tu te justifieras devant la commission. Ne te laisse point abattre et pars à l’instant. »

Ma conscience était tranquille ; mais l’idée que notre réunion était reculée pour quelques mois encore me serrait le cœur. Après avoir reçu les adieux affectueux de Zourine, je montai dans ma téléga, deux hussards s’assirent à mes côtés, le sabre nu, et nous prîmes la route de Khasan.