page, toujours le vice était puni et la vertu
récompensée.
Aujourd’hui que toute âme est malade, que la
lecture d’un ouvrage moral nous endort, le roman
rend le vice aimable et séduisant ; il le fait triompher
toujours. Aujourd’hui les fantômes de la muse
d’Albion[1] troublent le sommeil de la jeune
adolescente qui professe un culte pour le Vampire,
Melmoth, l’obscur aventurier, ou bien le Juif-Errant,
le Corsaire, ou le mystérieux Sbogar.
Lord Byron, dont le génie est du reste hors
d’atteinte, n’a fait que draper l’égoïsme désespéré
dans le manteau d’un romantisme lugubre.
Et que penser, mes amis, d’un tel état de choses ?
Peut-être le ciel mettra-t-il fin à ma carrière poétique. Alors un nouveau démon s’emparera de moi, et, bravant les menaces d’Apollon, je n’écrirai plus que de la modeste prose : un roman honnête comme ceux que l’on faisait jadis, occupera mon joyeux déclin. Je n’y décrirai pas les détours tor-
- ↑ Lord Byron.