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coup que le vieillard est sur le point de mourir, et qu’il désire lui dire adieu. À peine a-t-il lu ce triste message qu’il saute en chaise de poste. Avant d’arriver, il s’ennuie déjà ; mais pour l’amour de l’argent, il est décidé à soupirer, à paraître triste, à jouer son rôle. — C’est à ce moment, cher lecteur, que je vous l’ai présenté dès la première page de ce livre. — Parvenu à la campagne de son parent, il le trouve déjà sur la table, comme un tribut réservé à la terre.


La cour était remplie de serviteurs, et les amateurs de cérémonies funèbres arrivaient de tous côtés. Enfin notre mort repose en terre, et prêtres et visiteurs, après avoir bu et mangé[1], se séparent gravement comme s’ils venaient de régler une affaire sérieuse. Voilà notre Eugène habitant un village. Il possède des fabriques, des bois, des terres, des eaux. Jusqu’à présent, il avait été grand dissipateur et ennemi déclaré de l’ordre, mais il est content du changement qui vient de s’opérer dans sa vie.

  1. C’est la coutume en Russie de faire prendre part à un repas tous ceux qui ont assisté aux funérailles. Coutume ancienne que Walter Scott dit exister aussi en Écosse.