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lui ; elle est pâle, en toilette du matin : elle lit une lettre, et ses larmes coulent doucement le long de ses joues.


Oh ! le premier regard d’Onéguine suffit pour lui dévoiler les souffrances de la jeune femme ! Maintenant il reconnaît dans la princesse altière l’ancienne Tatiana, la pauvre Tania. Il tombe à ses pieds, en proie à une angoisse insensée. Elle tressaille et se tait… Elle fixe sur Onéguine des yeux où ne se manifestent ni étonnement, ni colère. Elle contemple la langueur maladive, l’air suppliant du jeune homme, elle comprend les reproches muets qu’il s’adresse.

La simple jeune fille, avec ses rêves et son cœur d’autrefois, est-elle donc retrouvée ?


Elle ne le relève pas ; elle ne soustrait pas sa main à des baisers ardents… À quoi pense-t-elle donc ?

Enfin, après un long silence :

« C’est assez ; levez-vous, je vous parlerai avec franchise. Onéguine, vous souvient-il de l’heure où le hasard nous réunit dans une allée de notre jardin, et où j’écoutai si humblement votre froid sermon ? — Aujourd’hui, c’est mon tour.