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adoptif qu’il envoya au poète. Le duel eut lieu dans un bois de bouleaux, derrière la rivière Noire. Le 27 janvier 1837, Pouchkine tombait, blessé à mort.

Les détails des dernières heures de sa vie nous ont été conservés par deux de ses amis : Danzas, son témoin, et le poète Joukofski. À peine le mourant fut-il porté chez lui, que, s’adressant au docteur Arendt, il le pressa de lui dire la vérité sur son état. Arendt ne lui cacha pas qu’il conservait bien peu d’espoir de le sauver. Pouchkine le remercia de sa franchise et tourna ses pensées vers sa femme : « L’infortunée, » dit-il, « elle est innocente, et le monde la déchirera ! »

Bientôt arrivèrent ses amis : Joukofski, le prince Viazemski, le comte Vilghorski, le prince Mechtcherski, Tourguénef et Valouief. Arendt dit qu’il devait informer l’empereur de tout ce qui s’était passé. « Priez l’empereur qu’il me pardonne, » répondit Pouchkine, « et qu’il ne poursuive point Danzas ! » Puis il demanda lui-même un prêtre, se confessa et reçut le saint viatique avec une grande foi. Deux heures après, Arendt revint avec un billet de l’empereur écrit au crayon : « Mon cher Alexandre Serguéevitch, » disait le monarque, « s’il ne nous est plus donné de nous revoir en ce monde, reçois mon dernier conseil : meurs en chrétien ! Ne t’inquiète pas du sort de ta femme et de tes enfants, je les prends sous ma protection ! »

Qu’elles sont belles ces paroles de Nicolas Ier ! ce