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siasme de la jeunesse (comme de votre temps et du mien, cher lecteur), — là, dis-je, ni les lorgnettes jalouses des dames, ni les binocles des dandys à la mode, ne furent dirigés vers Tatiana.


On la conduisit aussi à l’Assemblée de la Noblesse où tout est foule, agitation, chaleur ; où les sens sont frappés par le son des instruments, l’éclat des lumières, le passage des couples gracieux, les légères toilettes des femmes. C’est à l’Assemblée que les élégants de renom affichent leur impudeur, leur gilet, leur lorgnon oisif ; c’est là que le hussard en congé s’empresse de briller, de captiver et de disparaître.


Comme la nuit a beaucoup d’étoiles charmantes, Moscou a beaucoup de jeunes beautés. Mais de même que Phœbé, dans l’azur vaporeux, brille plus séduisante que tous les astres de son cortège, de même aussi, plus séduisante que toutes ses compagnes, brille celle que je n’ose troubler par mes chants. Quelle démarche de déesse ! Comme elle effleure à peine la terre de son pied charmant ! Quelle molle agitation dans son sein ! Quelle langueur dans son regard !