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naturelle de l’assiduité de son fils près de Nathalie Nikolaiévna était le désir d’obtenir la main de sa sœur Catherine Nikolaiévna. — Le poète retira son cartel. — Le mariage eut lieu. Pouchkine y assista, mais il refusa toujours de recevoir M. de Hœckerene et son fils. Il gardait au cœur une blessure difficile à cicatriser. Plusieurs tentatives de réconciliation restèrent infructueuses : il sentait que la réputation est le premier des biens, le premier « joyau de notre âme. » Tu dis vrai, Shakespeare[1], il n’a pas d’excuse l’homme inepte et lâche qui ravit aux autres la bonne renommée !… Des lettres anonymes furent de nouveau écrites à Pouchkine. Nathalie Nikolaiévna voulut quitter pour quelque temps Saint-Pétersbourg, mais son mari résolut de terminer autrement l’affaire. Il écrivit au baron de Hœckerene une lettre très-violente dans laquelle il l’accusait d’être la cause de tous ces bruits scandaleux[2]. Un cartel était inévitable ; M. de Hœckerene ne pouvait se battre à cause de son titre de ministre de Hollande : ce fut son fils

  1. Good name in man and woman
    Is the immediate jewel of their souls.
    Who steals my purse, steals trash ; ’t is something, nothing,
    ’T was mine, ’t is his, and has been slave to thousand ;
    But he, that filches from me my good name,
    Robs me of that, which not enriches him,
    And makes me poor indeed.

  2. Voir le détail de tout ceci dans l’appendice de la publication des Œuvres complètes de Pouchkine. — Saint-Pétersbourg, 1863.