Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Le hussard Pouiktine, qui a demeuré quelque temps chez nous, était épris de ses charmes, il la comblait d’attentions. Je pensais : espérons qu’elle se décidera ! Ah ! bien oui ! l’affaire manqua comme toutes les autres.

— Eh bien ! chère madame, tout n’est pas perdu ; allez à Moscou, c’est, vous le savez, la foire des promises. On dit qu’il y a beaucoup de jeunes gens à marier.

— Hélas ! j’ai trop peu de revenus !

— Assez pour un hiver ! Et je puis vous prêter tout ce dont vous avez besoin. »

Ce bon conseil fut goûté de la vieille mère ; elle compta son argent et prit tout de suite la résolution d’aller passer l’hiver à Moscou. Tatiana apprend cette nouvelle. Eh quoi ! montrer à un monde exigeant et capricieux la simplicité provinciale, une toilette passée de mode, et un langage vieilli ! — Eh quoi ! attirer les regards moqueurs des petits-maîtres et des Circé de Moscou ! Telles sont les craintes qui envahissent le cœur de la jeune fille. Ses solitudes boisées, combien eût-elle préféré y rester !