sortie avec tout le monde sur le perron, elle resta jusqu’au départ des jeunes mariés.
Longtemps elle les suivit des yeux… Désormais elle sera seule ! La voilà séparée de sa sœur, la compagne de toute sa vie, sa petite colombe[1], ainsi qu’elle l’appelait. Plus jamais elles ne seront réunies ! Et elle erre sans but dans la campagne, elle regarde le jardin désert, rien ne peut la soulager ; ses larmes l’oppressent, son cœur se déchire !
La solitude développe encore sa passion ; son cœur bat de plus en plus fort à la pensée d’Onéguine qui lui aussi est loin. Elle ne le verra plus ! Elle doit même le haïr comme l’assassin du poète… auquel on ne songe plus, dont la fiancée s’est déjà donnée à un autre, et dont le souvenir a passé comme la fumée sur un ciel bleu.
Toutefois deux cœurs ont gardé sa mémoire et répandent des larmes en pensant à lui !… Mais à quoi servent les pleurs ?…
C’était le soir. Les ténèbres commençaient à
- ↑ Terme d’amitié très-employé en Russie.