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Guillot remet alors à son maître les armes fatales de Lepage[1] et renvoie les chevaux dans la plaine près des deux chênes.


Appuyé sur la digue, Lensky attend depuis de longues heures et il s’impatiente du retard. Zaretski parle d’économie rurale et critique les meules de foin qui sont dans la prairie. Enfin Onéguine les rejoint en s’excusant.

« Où est donc votre témoin ? » dit Zaretsky avec étonnement. — Classique et pédant, il aimait la méthode en toute chose, dans les duels surtout ; il ne permettait pas d’étendre un homme sur le carreau, sinon d’après les règles les plus sévères de l’art et les strictes traditions des anciens (détail que nous ne pouvons trop admirer en lui !)


« Mon témoin ? » dit Eugène. « le voilà ; c’est mon ami, monsieur Guillot. Je ne pense pas qu’on fasse d’objection à mon choix. Bien que monsieur Guillot vous soit tout-à-fait inconnu, il n’en est pas moins un très-honnête homme. »

Zaretski se mordit les lèvres.

  1. Nom d’un armurier célèbre de Paris.