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L’hiver !… Le paysan le salue joyeusement en traçant un sentier avec son large traîneau ; son cheval flaire en hennissant la neige nouvelle et soutient tant bien que mal son petit trot. La téméraire kibitka[1] soulève dans sa course rapide une blanche poussière. Le cocher s’est assis sur son siège, vêtu de son tuloup[2], serré à la taille par une ceinture rouge. Voilà un petit garçon qui court : il a attelé un chien noir à son traîneau en guise de cheval ; le polisson a déjà son petit doigt gelé, il souffre et rit tout de même : par la fenêtre sa mère le gronde et le menace.


Mais ce tableau de l’hiver n’a sans doute aucun charme pour vous. Il ne contient, en effet, rien d’extraordinaire, et tout y est pris dans la nature même. Un autre poète, mieux inspiré, nous a dépeint, dans un style luxuriant, la première neige et les plaisirs variés de l’hiver avec toutes leurs nuances. Il vous enchante, j’en suis sûr, lorsqu’il retrace dans ses vers les mystérieuses promenades en traîneau, sous un beau clair de lune. Mais je

  1. Voiture de voyage en forme d’un large traîneau recouvert.
  2. Pelisse de mouton.