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lui avance le tiers de sa solde ! Qui sont ceux-là ? Je reconnais sur eux les costumes qu’on porte en ma chère Russie : ils sont des nôtres, n’est-ce pas ?

CROUTCHOV, (se mettant à genoux.)

Oui, Sire, nous sommes à toi, nous sommes tes esclaves et cherchons ton appui : nous avons fui Moscou, frappés par la disgrâce, et pour toi nous sommes tout prêts à sacrifier notre vie. Que nos corps te servent de marches pour accéder au trône !

L’IMPOSTEUR

Patience, innocentes victimes ; dès que j’aurai atteint Moscou, Boris devra nous payer sa dette. Que se passe-t-il là-bas ?

CROUTCHOV

Tout est calme. Mais le peuple connaît maintenant cette grande nouvelle que le tsarewitch est vivant ; et ton message est lu partout : on t’attend. Ces jours derniers, on infligea la peine de mort à deux boyards qui avaient bu à ta santé.

L’IMPOSTEUR

Que leur courage ait bientôt sa récompense ! Mais le sang amène le sang ! Malheur à Godounov ! Et que dit-on de lui ?