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Comme j’aime son calme, sa tranquillité lorsqu’il écrit, plongé dans le passé lointain ! J’ai bien souvent voulu savoir ce qu’il écrivait : serait-ce l’histoire du sombre joug tartare, ou bien les cruautés du règne d’Ivan ? Ou bien les rébellions de Novgorod-la-Grande ? Est-ce le récit des gloires de son pays ? Comment le deviner ? Dans cette figure paisible, rien ne trahit une seule de ses pensées ; avec cet air majestueux, il est comme un vieux juge, orné de cheveux blancs, qui voit sereinement le vice et l’innocence sans plus s’en indigner, ni s’en apitoyer.

PIMÈNE

Te voilà éveillé ?

GRÉGORI

Donne-moi la bénédiction, mon père.

PIMÈNE

Béni sois-tu ce jour, et pour l’éternité !

GRÉGORI

Tu as écrit toute la nuit, sans prendre de repos, tandis que mon sommeil agité était troublé par des rêves sataniques. J’ai rêvé