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par son coursier ; et le père, aussi, n’a pas toujours raison de son enfant rebelle. Seule une grande sévérité peut dompter le peuple. C’était l’avis d’Ivan, le sage autocrate, habile à apaiser tempêtes et orages ; c’était aussi l’avis de son cruel petit-fils. Le peuple reste insensible à la clémence, et n’est jamais reconnaissant des bienfaits qu’il reçoit ; et, qu’on le pille et le mette à feu et à sang, les choses n’en iraient pas plus mal, j’en suis sûr.

(Entre un boyard.)

Qu’est-ce ?

LE BOYARD

Des hôtes t’arrivent de l’étranger.

LE TSAR

Je vais les recevoir. Attends un peu, Basmanov, et reste ici, car j’ai encore certaines choses à te dire.

(Il sort.)
BASMANOV, (à part)

Esprit puissant ! Qu’il soit aidé de Dieu afin d’anéantir ce scélérat d’Otrepieff, et il fera encore certainement beaucoup de bien à sa patrie ; il vient de concevoir un projet important ; il faut l’encourager à le réaliser. Quel avenir s’ouvrira pour moi, lorsqu’il aura brisé l’héréditaire puissance des boyards