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CHOUÏSKY

Comment ? Cela est aisé à prévoir : le peuple va encore crier et se lamenter, Boris va faire encore le difficile, tel un ivrogne devant une coupe de vin ; et puis, enfin, en sa condescendance, il consentira à accepter la couronne. Ensuite, il nous gouvernera comme il l’a toujours fait.

VOROTINSKY

Mais, cependant, un mois s’est écoulé depuis le jour où, cloîtré au couvent avec sa sœur, il a fait mine de renoncer au monde. Et ni le Patriarche, ni les puissants boyards n’ont réussi jusqu’ici à vaincre sa résolution. Il reste sourd à leurs supplications, aux prières, aux cris de tout le peuple, et même à la voix du Grand Conseil. En vain a-t-on supplié sa sœur de le décider à prendre la couronne ; la tsarine, la triste religieuse, reste, comme son frère, toujours inébranlable. Il semble que Boris lui ait donné sa force. Que dirais-tu si, vraiment las du pouvoir, Boris refusait de monter sur le trône de Moscou ?

CHOUÏSKY

Je dirais alors que c’est en vain qu’on