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qui es-tu ? demandai-je à la voix. — Je suis le tsarewitch Dimitri. Notre Père des cieux m’a accueilli chez lui, parmi ses anges, et m’a donné le pouvoir de faire de grands miracles. Va donc. » Et je me réveillai. Dieu, me dis-je, peut me guérir les yeux s’il le veut. Et je partis pour Ouglitch. Dans la cathédrale, j’entendis la messe, et, saisi par une douce émotion, je répandis des larmes délicieuses ; il me semblait qu’elles emportaient mon mal. Lorsque la messe fut finie, je dis à mon petit-fils de me conduire à la tombe de Dimitri ; il m’y mena, et, dès que j’eus prié, mes yeux s’ouvrirent et purent voir la lumière, l’église, mon petit-fils et le tombeau ! » Voici, ô Tsar, le récit qu’il m’a fait.

(Confusion générale. Pendant le discours du Patriarche, Boris s’essuie le front à plusieurs reprises.)

J’envoyai à Ouglitch faire une enquête, et j’appris que de nombreux malades trouvaient la guérison de la même manière. Donc voici ce que je conseille : qu’on prenne les saintes reliques, qu’on les transporte ici, au temple d’Arkhangelsk ; alors le peuple comprendra enfin l’impie mensonge de l’usurpateur, et toute la force du mal sera anéantie.

(Silence.)
CHOUÏSKY

Ô saint Père ! Nul ne peut connaître les