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mes armées sont assez nombreuses pour réduire l’imposteur ainsi que les Polonais. J’ai refusé ! Chtchelkalov, qu’on ordonne dès maintenant à tous les gouverneurs de réunir les soldats valides ; qu’on appelle aussi les gens des monastères : aux jours d’antan, pour la patrie en danger, les religieux prenaient d’eux-mêmes l’épée en main. Mais je ne veux pas qu’on les inquiète : qu’ils prient pour le pays ! Tel est l’ukase du tsar que les boyards approuvent.

Il est une autre grave question que nous devons résoudre : vous êtes au courant de ces perfides rumeurs que l’imposteur a fait partout répandre, et qui ont semé le doute et la méfiance ; de tous côtés s’élèvent des murmures rebelles, les têtes s’exaltent : il faut les refroidir. Je ne voudrais point avoir recours à des exécutions ; comment les éviter ? Décidons-le ensemble. Prends la parole d’abord, saint Père. Quelle est ton opinion ?

LE PATRIARCHE

Ô Tsar ! béni soit Dieu qui orna ton âme de la miséricorde et de la douce patience ! Tu ne veux point la perte des pécheurs, tu désires qu’ils reconnaissent leur fatale erreur. Elle va s’évanouir : bientôt la vérité nous