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L’IMPOSTEUR

Je suis coupable, je le reconnais ; poussé par l’orgueil. J’ai trompé Dieu, j’ai menti au tsar ainsi qu’au monde entier. Mais ce n’est pas à toi de m’accabler. Marina, car je ne t’ai point trompée, et j’ai dit la vérité ; tu as été pour moi l’unique idole sacrée, et devant toi je n’aurais point osé mentir ; c’est mon amour seul, mon amour aveugle et ardent qui m’obligea à tout t’avouer.

MARINA

Et il ose s’en vanter, l’insensé ! Qui exigea de toi cette confession ? Si tu as réussi, toi, vagabond sans nom, à aveugler si facilement deux peuples entiers, sois digne au moins de ce succès, et laisse le mystère autour de ta personne ! Comment pourrais-je te confier ma vie, en oubliant mon rang et ma pudeur ? Comment pourrais-je unir à toi ma destinée, lorsque tu révèles ta honte avec une telle faiblesse ? C’est la passion, dis-tu, qui t’a fait parler ! Je m’étonne alors vraiment que tu n’aies point trahi ton secret par amitié pour mon père, ou par admiration pour le roi, ou par servilité de valet pour Vichnewetzki !

L’IMPOSTEUR

Toi seule pus m’arracher cet aveu, je le