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parfois, il ne fallait pas trop se permettre des jeux avec lui. Dehors, en liberté, il se cachait le long du chemin et, parfois, menaçait de se jeter sur un passant. Mais, c’était plutôt pour jouer. Par prudence, toutefois, on lui enfermait les pattes de devant dans des gants de boxe confectionnés pour lui. En 1923, Teddy partit en avion, le premier de nos grizzlis canadiens à jouir de ce moyen de locomotion. On avait décidé de le conduire au Zoo de Toronto. Ayant été gâté de toutes façons au Lac-à-la-Tortue, il endura toutes les misères et les humiliations possibles chez un animal en captivité, de la part des gardiens et des visiteurs de ce camp de concentration torontois pour bêtes sauvages. Historiquement parlant, on ne sait ce qu’est devenu Teddy… Mais ce que nous savons, c’est que notre petit ours du Lac-à-la-Tortue est entré dans la littérature québécoise et voici par quelle porte.

En 1947, le premier prix d’un concours littéraire lancé par la Société d’Études et de Conférences de Montréal était gagné par Madame Gilberte Tremblay, l’épouse de M. Thomas-Léon Tremblay, homme d’affaires bien connu dans la région du Saguenay et à Montréal, président de la Compagnie des Liqueurs Sagueneyennes et frère de l’épouse de notre aviateur Roméo Vachon. Sous une forme alerte, spirituelle et vivante, d’une plume élégamment taillée, comme celle, aimons-nous à dire en passant, d’une belle-sœur de Chicoutimi, Madame Arthur Tremblay, elle raconta l’histoire, légèrement romancée, de Teddy que des parents à elle avaient si mal élevé au Lac-à-la-Tortue. Et c’est ainsi que notre littérature canadienne s’enrichit de « Teddy du Saguenay », qui ne mérite pas seulement de figurer dans la bibliothèque enfantine, mais encore sur les rayons de nos bons livres du terroir, où le petit bouquin n’est pas le moindre à dégager de ses pages pittoresques les souffles fleurant bon les sapins laurentiens. Mais revenons à notre aviateur.