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Il mena donc le mastodonte anglais de telle façon que, sans s’en douter, il faisait une expérience qui allait, comme on le verra, singulièrement servir sa carrière ; et elle lui épargna la vie…

Sans doute, en cette circonstance, Roméo Vachon pensa-t-il à son valeureux émule français, Jean Mermoz qui, un jour, ayant été engagé par un cinéaste à précipiter du haut des airs dans l’eau de l’Oise une actrice, Suzanne Grandais, pour une scène du film « La Fille de l’Air » et ayant à piloter un vieux « Sop » de guerre qui tenait à peine, réussit quand même son exploit bien que le « Bazou » fut entièrement démoli, mais ce fut tout pendant quelque temps pour le pauvre Mermoz qui dut chercher ailleurs du « boulot » pour tromper sa faim…[1] Roméo Vachon fut plus chanceux dans son aventure à lui… comme on le verra plus loin.

Quelque temps après le carrousel, Roméo Vachon se trouvait pour le moment à l’ancre quand M. Saunders Roe, représentant de la fabrique anglaise qui avait construit le « Saro Cloud », vint à Montréal où, ayant fait venir notre aviateur, lui demanda ce qu’il pensait de la machine qu’il avait pilotée lors du carrousel. Franc comme toujours, Vachon lui répondit que ce navire aérien ne faisait pas honneur à ceux qui l’avaient construit.

« Seriez-vous prêt, M. Vachon », lui demanda Roe, « à venir répéter ce propos devant les administrateurs de la compagnie à Londres ? » — « Je suis prêt », répondit notre compatriote, — « Alors, vous prendrez le premier bateau… »

  1. Il y a vingt-cinq ans, cette année — 1955 — Jean Mermoz assurait la première livraison postale entre l’ancien et le nouveau continent, donnant ainsi à la France un prestigieux record. Sa victoire était le fruit d’une longue préparation et aussi de son audace raisonnée. Les lignes traversant maintenant l’océan, grâce à cet exploit, on pouvait méditer sur l’exemple que Mermoz a offert aux jeunes générations, comme celui que notre Roméo Vachon a présenté à notre jeunesse canadienne. (L’auteur).