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cès à la ville où se dressent une soixantaine de grandes maisons, sorte de caravanserail couvert d’écorce de bouleau…

Debout tout au bord de la pente abrupte qui fait dégringoler les arbres jusqu’aux portes de la bourgade, un homme contemple, comme en une sorte de mélancolie, ce spectacle grandiose de l’agonie d’un jour de prime-automne en pleine sauvagerie… Ses traits sont rudes, énergiques, et ses yeux brillent d’un éclat qui indique une volonté tenace.

C’est Jacques Cartier, et nous sommes au 3 octobre 1535.

Le Découvreur, parti le 19 septembre, de Stadaconé sur une escadrille formée de l’« Émérillon » et de deux barques, arrivait le 2 octobre à Hochelaga où il débarquait à la tête d’un peloton de gentilshommes : Pontbriand, La Pommeraye, de Goyon, Poullet, et de vingt marins armés, conduits par trois indigènes.

À ce moment, le Découvreur regarde avec intérêt à ses pieds la fière bourgade où, la veille, il a été triomphalement reçu. Avant de débarquer, un millier d’indiens s’étaient portés au devant des visiteurs pour leur faire « aussy bon raqueul que jamais père fist à enffant, menant une joys merveilleuse ». Cartier se rémémore tous les détails de la scène. Tous dansaient, hommes, femmes et enfants. Les mères lui ap-