Page:Potvin - Sous le signe du quartz, 1940.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 66 —

Le soleil de juillet cuisait la terre, chauffait à blanc les rochers et accablait les hommes.

Pendant ce temps, les aides avaient dressé la tente sur une élévation au pied de laquelle serpentait une rivièrette et dont une partie était couverte d’épinettes noires. De cette colline, le soir, le paysage ambiant était ravissant. L’air y circulait librement faisant sourdement bruire les aiguillettes des résineux touffus qui se pressaient les uns sur les autres, s’embrassant en de longues étreintes. En bas apparaissait le ruban noir de la rivière que faisait, ici et là, scintiller le soleil couchant. À l’occident, le ciel flamboyait de tout un incendie de couleurs.

Après le souper, les géologues, — ils étaient cinq — heureux du repos de la fin du jour, s’étaient assis, de ci de là, devant la tente, rêvant en fumant leur pipe, respirant avec délice l’air revigorant qui balayait légèrement la colline, les innondant comme d’une eau fraîche. Devant eux, un peu en contrebas, s’étendait, aux derniers rayons du soleil, un tranquille paysage de forêt aux teintes variées mais où dominait le vert sombre des résineux, de vallonnements souples, de plateaux bosselés, dominé au fond par une rangée de montagnes altières où l’on imaginait des panoramas gigantesques, comme d’un autre monde…

Car on était bien alors dans un autre monde ; sauvage, immésurable, à cent cinquante