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des blancs même, coureurs d’aventures, chercheurs d’or, chasseurs de bêtes ; gens de sac et de corde qui formèrent, ici et là, dans ces terres sans limites, des agglomérations où se ruaient des civilisations qui avaient réussi, d’une fabuleuse tarrière, à percer cette muraille de glace et de neige derrière laquelle on luttait contre une épouvantable épopée… Un grand monde à demi sauvage, hostile à l’autre, le civilisé… Un monde terrifiant où tout était couleur de fantôme.

Ici et là, on pouvait rencontrer, en cours de route, un poste de fourrure où venaient des trappeurs et des indiens qui descendaient du fin Nord chargés de peaux de bêtes… Ici et là encore, une agglomération de « tépics » coniques de « wigwams » écrasés, abris abjects où s’entassaient, dans une dégoûtante promiscuité, dans la saleté et les vices, une humanité douloureuse, de la chair souffrante, unités de troupeaux anonymes où chaque bête se presse contre une autre comme pour trouver la sécurité contre l’épouvante ambiante… Misérables cabanes empuanties de la fauve senteur des déchéances humaines, où la pierre ollaire de la lampe à graisse d’ours troue la nuit de lueurs sinistres…

À combien de drames de misère, de tragédies, a dû complaisamment se prêter cette sau-