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rite… Le temps de traverser cet étroit intervalle qui sépare la nuit du néant, nous ne sommes plus qu’un souvenir…

Au petit matin, le pilote Wrathall a pu faire appareiller à Senneterre deux avions qui partirent aussitôt à la recherche du malheureux Stanley Siscoe. Au bout d’une heure, on le découvrit étendu sur la neige, face au ciel qui riait dans les lueurs rosées de l’aube ; son paletot était largement ouvert ; autour de lui, éparses, des liasses de billets de banque.

Le corps de l’infortuné gisait à tout au plus mille pieds de l’avion désemparé qu’il n’avait pu atteindre. Stanley Siscoe avait terminé là, sur ce coin désert du lac Matchi-Manitou, sa dernière « stampede ».

Il y avait vingt-cinq ans qu’il avait trouvé son premier caillou strié d’un imperceptible filet jaune : à peu près vingt-cinq sous d’or… et qu’il découvrait sur la presqu’île du lac de Montigny. Alors, il avait pressenti que l’or gisait dans le lit du lac, sur l’île où, en effet, il le découvrit en 1915. Aussi, est-ce là qu’il construisit ses moulins et creusa ses premiers puits ; sur cette île en train de devenir presqu’île grâce au résidu des usines qui achève de remplir un étroit du lac sur une distance d’un mille, formant un isthme qui reliera bientôt l’île à la terre ferme.

Et sur le littoral du lac, autour de la mine Sullivan, isolée d’abord, se sont établis des