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d’or ; dans ce territoire qui entoure le lac gelé où il meurt, trois cents millions sont investis en des entreprises minières dont il est l’un des quatre pionniers… Tout cet or, que de billets de banque cela représente ! Des banknotes… ah ! oui, il en a dans la poche intérieure de son veston ; un paquet, un lourd paquet de billets de banque… Et pourtant, la mort le tient, là, misérable, la chair souffrante, seul, abandonné… Oh ! ces billets de banque, quel fardeau maintenant sur sa poitrine qu’endolorit le froid de cette atroce nuit !…

Tirant de son être le peu de force qui lui reste, Stanley Siscoe réussit à porter son bras droit dans l’intérieur de son veston ; il en extrait son portefeuille bourré des précieux papiers, les saisit par poignées qu’il lance, qu’il sème de toute la force dont il peut disposer, autour de lui… Dormir !… Se reposer ! Il ne voit plus rien ; ou plutôt, comme une seule étoile qui brille très haut, très loin… Il le sent, c’est la fin. Il va mourir ; et par sa pensée, il recommande à Dieu son âme… Puis, l’étoile cesse de luire là-bas. Ce n’est plus qu’un grand trou noir…

Notre destin se forme et se dénoue comme un nuage errant. Tendresse, amour, passion, richesse, tout se perd, tout s’efface dans le vide. Un instant sur l’écran lumineux de ce qu’on nomme la vie, nous ne faisons qu’apparaître avec notre part de chance, d’insolence ou de mé-