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cette époque de la fin de l’hiver canadien. Au reste, on avait remarqué que le baromètre était à la baisse. Tant qu’on fut au-dessus des territoires colonisés du nord de Montréal, tout alla bien.

Mais voici que bientôt des nuages bas couvrirent le sol tandis qu’une autre couche sombre cachait le ciel. Vite, les deux masses obscures se rejoignirent, et l’appareil, subitement secoué par de furieuses rafales, se mit à tanguer et à rouler comme un canot sur un lac tourmenté. Tantôt, à travers des trous d’air, brutalement il s’enfonçait dans une vertigineuse descente d’ascenseur ; tantôt il était happé comme par une puissance invisible. Les vents brassaient de formidables courants qui secouaient la machine.

Stanley Siscoe, avec une formidable énergie, se cramponnait aux garnitures de la cabine intérieure pendant que le pilote, comme avec désespoir, s’arcqueboutait aux commandes, crispant ses mains au « manche à balai ». Puis la neige, par flocons épais, se mit à cingler de ses lanières sifflantes, frappant les plans de l’appareil, étouffant presque le bruit du moteur. Les malheureux s’attendaient à tout instant de percuter. Wrathall tâtonnait, attendant toujours une accalmie ; cherchant en de rapides coups d’œil, la surface plane d’un lac gelé afin de se poser dans le sens qui lui paraîtrait le meilleur.