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Après ce méritoire effort d’éloquence scientifique, le père Lasnier qui, pendant son « discours » s’était levé, puis assis, levé encore, avec quelques pas ici et là, sur la vérandah du « campe », se rassit tout de bon pour allumer dans la plus parfaite quiétude une énorme pipe qu’il bourra d’un doigt expert de gros tabac brun. Il y eut quelques instants de silence.

La nuit est tout à fait venue. Les étoiles brillent comme des diamants dans l’air limpide et je vois la Grande Ourse monter sur l’horizon. La lune éclaire, sans agrément, semble-t-il, des solitudes où il ne se passe rien depuis des milliers d’années. Une nuit magnifique. Un silence absolu partout que semblait imposer une main invisible. Et pourtant, je devinais que la forêt, là, tout proche, et celle que j’entrevoyais plus loin, sous la lumière céleste, devait fourmiller de vie, d’yeux grands ouverts, sur le qui-vive, avec des mouvements d’ailes veloutées et de pattes feutrées. De l’autre côté du lac, dans le léger tumulte des courtes vagues, venant des maisonnettes de Kanasuta, le son criard d’un phonographe faisait comme flotter la pensée vers des choses lointaines.

Je savais gré au « savant » de m’avoir révélé un aspect presque inconnu de notre nord-ouest québécois. Mais je voulais tout connaître de cette terre qui offre des aspects si variés et qui présente avec tant de complaisance parfois ses plus