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ce vital » si cher au Reich-Grand-Allemand, me répondit-il avec un accent cornélien des mieux réussis. Et vous, que faites-vous ce soir, curieux et sympathique ami ?

— Moi, je me contente d’arpenter Rouyn et je continuerai ce soir, sans doute.

— Non, il y a mieux à faire. Vous allez venir avec moi à Kanasuta.

— À Kanasuta, pourquoi faire ?

— Veiller avec mon vieil ami Auguste Renault dans son « campe » au bord du Lac-des-Îles. Et vous m’accompagnez, Monsieur. Mon auto est là, au garage tout proche. On y va ?

Deux minutes après, joyeux, je sautais à pieds joints dans le « bazou » du père Lasnier. Crac ! on décolle et en route pour Kanasuta où, après avoir grimpé, quitté la route nationale, un petit chemin en lacet prodigieusement déclive, nous arrivons au bout d’une demi-heure.

Kanasuta : quelques chalets de planches sommés de tôle ondulée, noircie par les intempéries, sis au fin bord du lac. Une « verchères » est là qui semble nous attendre et que nous louons pour gagner l’autre côté du lac…

Et maintenant nous voici tous trois, fumant à pipe que veux-tu, assis sur la « vérandah » du vieux prospecteur. La nuit commence à cacher les monts lointains et à l’ouest s’abîme un soleil jaune soufre. Il y a déjà un peu de graine de froid dans l’air. On sent, le soir descendu, l’au-