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comprendre la naissance et les développements si sensationnellement rapides de trois des plus jolies et prospères villes du Nord-Ouest québécois : Val d’Or, Bourlamaque et Malartic, sans compter d’autres agglomérations en train de surgir dans l’ombre des chevalements d’O’Brien, pour ne prévoir que celle-là…

Et comment, lorsque l’on parcourt ce coin d’un nouvel Eldorado qui fait partie de notre pays, qu’on arrête ici et là pour regarder, voir et entendre, comment n’être pas un peu ému devant tant de machines à fabriquer les dollars chantant leur trépidante chanson ?… Elles la chantent par ces appareils anonymes qui, à force d’ingéniosité, peuvent arracher par tonnes à la terre, l’or, dieu souverain… Cette chanson, elle s’exprime par l’effroyable tumulte des moulins à broyer, des concasseurs à mâchoires d’acier mâchant le quartz comme entre les dents de bêtes goulues… le minerai disparaissant comme devaient autrefois disparaître les proies offertes à Moloch…

Les distributeurs amènent la matière tirée des entrailles de la terre, les pilons fonctionnent alternativement, soulevés par une lame de fonte dont l’arbre est supporté par un bâti de bois ; les pilons retombent, tournant sur eux-mêmes, broyant le minerai

Et le miracle va bientôt s’accomplir : des monceaux de dollars distribués, circulant à travers le monde…