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Mais, dans les environs, on distinguait les chevalements et les cheminées d’usines des mines productives de la région… Les compagnies mirent peu de temps à forer la terre. Elles ont distribué partout l’acier, les échafaudages, les étais, les moteurs, les turbines, les pompes, l’eau, le fer et le feu, le tout en une orgie industrielle inspirée par les colossales visions d’une cité future… De ce « veld » abitibien où l’ours menait naguère sa quête méfiante, elles ont fait un chantier rougeoyant d’éclairs cyclopéens, parsemé d’usines souterraines dont la palpitation envoie mourir ses ondes très loin, bien au delà du hérissement des grues, de leurs passerelles et de leurs lacis de fer…

Il y eut un temps où pour forcer la terre à livrer ses trésors, l’homme avait assez d’une pelle, d’une pioche, ou d’un tamis, d’un plat et de l’eau. Cela peut à la rigueur suffire encore où le métal est marqué d’alluvions, sur les bords des rivières. Mais quand la roche l’emprisonne, c’est plus dur et plus compliqué. Le travail se fait à l’usine, dans le tonnerre des machines et l’homme n’est là qu’à la sortie, pour recevoir la pierre nue. Et ici, l’usine est étrange et redoutable : un édifice à plusieurs étages, percé à jour comme un échafaudage, pareil à l’infrastructure enchevêtrée d’une tribune monstre. D’étroits sentiers de planches, des escaliers en bateau, des plate-formes pendues à mi-hauteur des poutres com-