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des années, des siècles même, se sont acharné à édifier.

Quand un petit village canadien a demeuré jusqu’aujourd’hui ce qu’il était du temps de Champlain, peut-on s’imaginer que, de nos jours, à tout au plus cent milles de là, une sommaire agglomération de tentes de toile et de « shacks » de rondins devienne, après tout au plus trois ans, une ville avec son gouvernement municipal, toutes ses roueries administratives, les tricheries les plus modernes du commerce et de l’industrie ; avec à la fois tout ce qui distingue la ville où se seraient réjouis les héros de Nathaniel Hawthorne, et où peut s’étendre le règne des gangsters américains à côté du code rigide et sage de la loi canadienne ?…

Et le voilà, le merveilleux moderne !…

Tout ça s’est bâti en moins de deux ans, et tout ça aurait même pu être bâti en quatre mois. Le monde se banalise vite, quoi !…

Mais il est temps de revenir à Val d’Or.

En 1933, au milieu des brûlés de cette partie de l’Abitibi, pas plus de Val d’Or, dirait l’autre, que sur la main ! Il n’y avait là ni route ni chemin de fer. La solitude absolue ! Peut-être, ici et là, un sentier, début de route, cahoteux, serpentant à travers un terrain où le soleil parfois gravait de surprenantes eaux-fortes ; un mineur qui regagne son claim, un colon qui cherche du bois, un chasseur en quête de gibier.