Page:Potvin - Sous le signe du quartz, 1940.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 164 —

Les débuts de Val d’Or rappellent un peu ces films brutaux de l’Ouest qu’aime l’Amérique et où l’on voit se faire et se défaire des fortunes. Ils rappellent aussi ce que fut, au Havre, la Côte, telle que décrite par Balzac dans « Modeste Mignon » ; ou encore ce que furent les « folies » des prospecteurs de la Californie ; ou celles de Tulsa, dans l’Oklahoma, capitale mondiale du pétrole. Là, l’huile a construit les églises, les hôtels, les théâtres, les banques, les jeux de golf et de tennis. Ici, c’est l’or et le cuivre du sud du Bouclier Canadien…

Le trait remarquable de Val d’Or, c’est la foudroyante rapidité de sa croissance. Curieuse ville qu’on dirait sise dans un autre pays que le nôtre et en une autre époque, pour nous, habitués au lent épanouissement de nos villes et de nos villages où travaille la patine des temps. À côté d’imposants buildings, des maisons sordides ; un hôtel du dernier moderne écrase à ses pieds un «  shack » en bois rond. Tout au long de la « main street », des restaurants, des échoppes de toutes devantures, des « filing stations » aux pompes rouges, des « drugs stores » où l’on trouve des « ice cream sodas », des magazines, du papier à lettres, et même des produits pharmaceutiques.

Et la ville s’estompe, se dessine.

En moins d’un an, des cabarets, des échoppes, des magasins, des cafés-grill-rooms avaient