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ques. Les essieux grinçaient sous le poids. Les voitures déchargées faisaient place à d’autres surchargées. Et, dans les simili-rues, pataugeaient en bottes à jambes, des hommes et des femmes de toute nature ; des êtres aux visages énergiques, curieusement vêtus ; Canadiens, Anglais, Irlandais, Polonais, Russes, Roumains, Suédois, noirs, blancs et blonds, jaunes, tous voulant prendre part à la ruée abitibienne, venant s’embaucher comme mineurs ; tous gens de race impétueuse et tumultueuse qui venaient là lancer leur vie dans l’avenir, selon l’expression de Nathaniel Hawthorne. Ils venaient de tous les coins du monde, leurs états civils incertains les uns aux autres…

Curieuse encore à observer, aujourd’hui, la population de Val d’Or, surtout par un jour de paye alors qu’à la devanture de toutes les boutiques s’étalent des annonces de cette nature : Pay Day Sales. Tout le monde dans les rues ; et l’on pense un peu à la Tour de Babel.

Car Val d’Or est un « melting pot », un creuset où l’on cherche à amalgamer des métaux hétéroclites. Et comme il arrive d’ordinaire dans ces villes cosmopolites d’apparence américaine, on remarque un rayonnement propre extraordinaire qui a pénétré immédiatement tous les nouveaux venus à base d’optimisme, d’élan, de hardiesse, un sentiment juvénile, un dynamisme, l’idée que tout est possible… Mais cette con-