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C’est sur cette rivière, dont leur canot fend si délicatement les eaux, que nous les voyons en août 1911. Jusqu’à la Bellefeuille, le voyage sur le Transcontinental avait été fatigant, les voyageurs cahotés pendant plus de cent milles dans d’inconfortables wagons « colonistes ». Puis ils avaient rencontré des rivières cascadeuses, traversé des lacs pleins de bas-fonds, dans un canot manœuvré à force d’avirons. Mais le temps les avait favorisés encore que sur le coup du midi, certains jours, ils eussent à souffrir d’une chaleur que les fourrés de résineux montaient à une température de haut fourneau. Et, à la suite de ces coups de chaleur, les nuits étaient plutôt froides. Ils avaient eu aussi à affronter de brusques coups de vent dont l’un, une après-midi, renversa leur canot. Heureusement, ils étaient près du rivage qu’ils avaient pu gagner sains et saufs en nageant.

Mais tous ces inévitables inconvénients du voyage n’empêchaient pas nos voyageurs de jouir du plaisir d’emplir leurs yeux des spectacles grandioses qui, chaque jour, se déroulaient de tous côtés. Parfois, le pays se faisait solennel et hautain. Le Nord se drapait dans son imposante dignité. En fond de scène, de grands monts dans un lointain bleuté, reposaient dans une immense sérénité. Des arbres, en rangs serrés, gravissaient des pentes qui plongeaient sur l’autre versant dans l’inconnu. Mais, de chaque