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manœuvre, était allé s’abîmer aux pieds du rapide qui avait gardé sous ses flots tumultueux deux de ses occupants dont on avait, en vain, cherché les cadavres, pendant toute la journée qui venait de finir.

Cette nouvelle causa au chef de l’équipe comme une véritable consternation. Quand nous parvînmes dans la zone lumineuse du campement, il expliquait :

« Il nous faut à tout prix être au Lac Here demain soir ; c’est urgent. Les gens de notre compagnie qui sont là manquent de provisions depuis déjà plusieurs jours et nous sommes en retard. Encore quarante-huit heures et ces hommes souffriront peut-être de la faim, vous comprenez… À tout prix, il nous faut être à Rouyn demain soir… N’y a-t-il donc pas d’autres services de bateau ?…

— Il y aurait Dumoulin, de Ville-Marie, fit remarquer un homme du campement ; il mène depuis quelques jours un canot à gazoline du Portage à Rouyn. Il est parti hier soir pour les mines et doit arriver ce soir. Mais je doute fort qu’au cas où il arriverait même tout de suite, il consente à repartir comme ça, demain matin… Un homme c’est un homme, vous savez, hein ?…

Effet mystérieux du hasard… juste à ce moment quelqu’un cria :

« Le voilà, le voilà, Dumoulin ! »

Dumoulin arrivait, en effet, venant du haut