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de l’eau ou les soubresauts du courant, tantôt formant des ronds de points lumineux, tantôt comme des coulées d’argent en fusion. Un second jour atténué éclaira ce coin sauvage de la nature outaouaise. On voyait au loin des choses mystérieuses aux douces nuances et à plaisir, comme une fleur, on avait envie de cueillir toute cette beauté épandue dans l’espace…

Nos compagnons d’en bas nous crièrent que le souper était servi et nous descendîmes au campement. Il y régnait soudain une grande animation, comme un mouvement de vie inusitée. Une chaloupe à essence dont nous avions, quelques instants auparavant, entendu les détonations retentissantes, venait d’arriver portant huit hommes et quelques tonnes de provisions. C’était un groupe de prospecteurs de mines qui était parti, le matin, des frontières de l’Ontario, à Haileybury, et qui se rendait au canton aurifère de Rouyn, par les rivières Ottawa et Kinojévis. Les hommes, harassés déjà, débarquaient leurs provisions pour les « portager » à dos, en haut du rapide où, le lendemain, ils s’attendaient de monter sur le « Swallow », petit bateau qui faisait le service des mines du Rapide de l’Esturgeon au Canton Rouyn.

Mais un grand désappointement les attendait à leur arrivée au Portage. On leur apprit que le « Swallow », la veille au soir, portant un parti de sept ingénieurs, à la suite d’une fausse